Teardown/Démontage d'un Minitel 2
Je dois avoir ce Minitel depuis au moins une dizaines d’années ! Je l’avais trouvé pour pas cher dans un vide-grenier. Mais ça faisait 8 ou 9 mois qu’il m'a laché après que j’ai fait joujou avec lui pendant pas mal de temps sur divers projets électroniques. Quand on appuyait sur la touche d’allumage rien ne se passait, aucune réaction.
En tout cas, c’est que je pensais jusqu’au moment je le rebranche il y a quelques jours, pour voir, jusque comme ça, bien décidé à comprendre pourquoi il ne marchait plus. Et là, il s’allume normalement. Peut-être un problème d’électricité statique ? Mystère.
En tout cas, j’étais limite vexé ne plus avoir à me lancer dans une recherche de panne et d’avoir la joie de le refaire marcher, et aussi intrigué parce que c’était bizarre qu’un truc en panne se remette à fonctionner tout seul alors que je l’avais juste entreposé à moitié démonté en haut d’une étagère.
Je l’ai donc démonté pour voir ce qu’il y avait dans cet ancêtre d’Internet.
Il s’agit d’un Minitel 2, avec comme code technique Minitel 9 NFZ 400. D’après l’étiquette arrière, il semble avoir été fabriqué par La Radiotechnique Portenseigne. Sauf que sur le clavier, on trouve la marque Philips. Les deux marques sont la même maison ! La Radiotechnique Portenseigne est devenu Philips Electronique Grand Public en 1990 (Ref1, Ref2).
Il n’y a pas de date de fabrication mais, d'après les précédentes informations et la date de fin de garantie, on peut la situer entre 1990 et 1992. Je ne suis pas sûr que le code du marché public commençant par 89 signifie que ce Minitel a été fabriqué en 1989 ou 1990.
Comme tout les autres Minitel, il fonctionne comme terminal basique. C’est à dire qu’il ne réalise aucun traitement d’information. Même si ce Minitel 2 possède une unité de traitement, de la RAM et une ROM qui servent pour certaines fonctionnalités, aucun traitement n’est fait sur les données qui transitent. Il affiche sur l’écran les données qu’il reçoit et envoi directement les touches tapés au clavier. Tout le traitement était effectué par le serveur du service qu’on appelait (par exemple : 3615 CODEDUSERVICE).
La communication entre le terminal et le serveur/service se faisait par une ligne téléphone et les données étaient transmises via la norme V.23. A l’époque du Minitel, il n’était pas encore question de chiffrage des communications, donc toute la communication était en clair ! Il suffisait d’analyser les informations transmises pour récupérer tout ce qu’on voulait.
Il peut gérer 2 modes d’affichages :
- le mode 1 (le plus utilisé, celui que tout le monde connaît) en 25 lignes et 40 colonnes et utilisant des caractères suivant la norme Vidéotex permettant d’avoir du texte et des images en utilisant des caractères semi-graphiques.
- le mode 2 en 25 lignes et 80 colonnes utilisant des caractères ASCII seulement.
Il possède les fonctions de mot de passe pour protéger son utilisation et répertoire de 10 numéros.
Sur l’arrière du terminal, se trouve un connecteur DIN appelé prise péri-informatique. C’est un connecteur série TTL permettant d’utiliser le Minitel comme un terminal série à 300/1200/4800 bauds ou d’y connecter une imprimante.
Dû à la fonction de répertoire, le Minitel 2 peut effectuer directement la numéro ou permettre de taper le numéro directement au clavier. Les Minitel 1 n’étaient pas équipés de cette fonctionnalité, il fallait faire le numéro sur un téléphone à part et, dès qu’on avait la tonalité du serveur, appuyer sur la touche de Connexion.
Bref, on ouvre la bête !
Il est relativement facilement à démonter, 2 clipses dessous et 2 autres au niveau de la poignée de transport et tout le reste est simple glissé.
Un Minitel 2 est composé de 5 éléments :
- le châssis en plastique où les autres éléments sont clipsés ou glissés.
- le tube cathodique.
- le clavier.
- la carte d’alimentation / contrôleur du tube.
- la carte mère.
Le tube cathodique (CRT) :
Le tube cathodique est un modèle 240AG4 fabriqué par Samsung. C’est un tube monochrome qu’on trouve sur d’autres modèles de Minitel. Un modèle similaire, le 240RB40 était utilisé dans la console de jeu Vectrex.
La déflexion du faisceau est gérée par la carte alimentation/contrôleur via des bobines.
Le carte connecté au culot du tube est reliée à la carte alimentation/contrôleur .
La clavier :
C’est un clavier matriciel qui utilise des touches à membre et qui est connecté à la carte mère via une nappe.
La carte d’alimentation / contrôleur CRT :
Cette carte prépare les différentes tensions pour la carte mère et la haute tension pour le CRT.
L’alimentation est protégée par un fusible 630mA.
Elle s’occupe également de gérer la déflexion du tube à partir de la vidéo arrivant de la carte mère.
Comme beaucoup de Minitel, un potentiomètre permet de régler l’intensité lumineuse de l’écran.
D’autres potentiomètres, non accessible directement comparé au précédent, permettent de gérer d’autres paramètres de l’image (amplification, etc...).
Divers puces électroniques sont présentes :
- CNX82A (datasheet) : Optocoupleur
- TEA2037A (datasheet) : Contrôleur de déflexion horizontale et verticale. Il contrôle la position du spot du CRT à partir du signal vidéo.
- TEA2018A (datasheet) : Contrôleur d’alimentation à découpage. D’après les exemples dans la documentation, je pense qu’il s’agit du contrôleur qui permet de fournir un ou plusieurs alimentations à la carte mère (+5V et +12V?).
Possible réponse à la question de mon Minitel qui se répare tout seul : en regardant d'un peu plus près j’ai trouvé un fusible qui avait une drôle de tête. Une sorte de poudre est recouverte dessus (poussière?). Peut-être est-il défaillant ? Si ça relache, on verra bien.
La carte mère :
C’est là que la magie du Minitel opère, là où les signaux téléphoniques sont convertis en caractères pour être affichés sur l’écran. A première vue, elle ne fait pas trop peur. Dans le détail, il y a plein de puces intéressantes :
- 80C32 (datasheet) : Microcontrôleur 8-bits sans ROM interne (ROMless) et 256 octets de RAM interne. Il existe des versions de ce composant avec une ROM interne présente, comme le 87C52, mais je pense que les concepteurs ont préférés avoir une ROM externe pour permettre des mises à jour faciles.
- 87C257 (datasheet) : EPROM UV 32Ko. C’est cette ROM que contient le programme de démarrage de ce Minitel 2 et les fonctionnalités de gestion de répertoire et de mot de passe. La puce est posée sur un support pour pouvoir la changer facilement pour des mises à jour.
Je n’ai aucune idée de ce que veut dire l’inscription "BV9*" dessus, cela ne correspond pas au "BV3" à l’arrière du Minitel.
Dump de la ROM : Minitel2_ROM27C857.bin
- 24C02 (datasheet) : EEPROM série 256 octets. Cette ROM sert à stocker le répertoire et le mot de passe.
- TS7514 (datasheet) : Modem V.23 programmable avec numérotation DTMF. C’est ce composant qu’on entend faire la numérotation et qui permet de faire en sorte que votre minitel arrive à dialoguer avec un serveur.
- TS9347 (datasheet) et 4168 (datasheet) : Le TS9347 est un processeur d’affichage couleur (oui, couleur dans un Minitel monochrome!) qui génère le signal vidéo et stocke ses informations dans sa mémoire dédiée, une RAM 4168 de 8Ko ici.
En regardant la documentation du TS9347, il semblerait que la sortie vidéo donne du RGB et du composite. Il faudrait voir s'il est possible de modifier le Minitel et lui ajouter un sortie composite et/ou péritel à l’arrière.
- 74LS145 (datasheet) : convertisseur binaire vers décimal à collecteur ouvert.
- 74HC32 (datasheet) : 4 portes OR à 2 entrées
- CNX82A (datasheet) : Optocoupleur (utilisé aussi dans la carte alimentation / contrôleur tube)
- 34119 (datasheet) : Amplificateur audio
- 4014 (datasheet) : Registre à décalage 8 bits statique
- 14174 (datasheet) : 8 bascules type D
Voilà ! Pas mal de trucs sympathiques pour faire des bricolages sur Minitel.
Liens :
- Un certain HxC2001 a réalisé une étude technique d’un Minitel 2 et tenté de coder sa propre ROM à la place de la ROM originale pour tester les capacités de cette machine : http://hxc2001.free.fr/minitel/
en vous remerciant, je reste a votre disposition pour toutes photos ou infos......
cordialement, Stanislas UJVARI